Lundi 1er octobre, le Conseil académique de l’UPEC (réunion de la Commission Recherche et de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire) s’est réuni pour élire le nouveau vice-président étudiant. Au cours du week-end, la presse locale (94 Citoyens et Le Parisien) avait révélé que la profession de foi du candidat de la FAC (fédération rattachée à la FAGE), et qui avait officiellement le soutien du nouveau président de l’UPEC, Jean-Luc Dubois-Randé, était un copier-coller d’un discours d’Emmanuel Macron et d’un autre de Nicolas Sarkozy. Le logiciel « Compilatio », acheté par l’université pour traquer le plagiat dans les devoirs ou mémoires des étudiants, a été sans ambiguïté : plus de 60 % du texte provient des discours présidentiels, à peine adaptés à la situation, sans guillemets ni indication des sources.
On aurait pu penser qu’après une telle révélation, le candidat de la FAC s’était discrédité. Pourtant non seulement il n’a pas hésité à se prévaloir de l’ « éthique » dans son discours face au Conseil académique, mais il a finalement été élu par une (courte) majorité au troisième tour de scrutin par 37 voix, contre 34 pour le candidat de l’UNEF, et un vote blanc.
Le fait que la majorité du Conseil académique ait malgré tout élu le candidat de la FAC pose de graves questions à la communauté universitaire :
– Quelle image de notre université le Conseil académique donne-t-il en élisant, en toute connaissance de cause, un plagiaire à la vice-présidence étudiante ? Si le but était de faire de l’UPEC la risée de l’Université française, c’est réussi : on en parle déjà dans la presse (Le Figaro étudiant, Ouest France).
– Les représentants élus, personnalités extérieures, membres du personnels ou étudiants, qui avaient donné procuration à la direction de l’Université ou à des membres de la liste majoritaire « Ensemble… » savaient-ils qu’ils allaient contribuer à faire élire un étudiant plagiaire à la vice-présidence ?
– Quel signal cet évènement envoie-t-il aux étudiants de l’UPEC ? Quel cas fait-on du règlement intérieur de l’Université qui prévoit le passage en conseil de discipline de tout étudiant pris en flagrant délit d’appropriation des textes d’autrui sans guillemets ni indication des sources ? Faut-il expliquer à nos étudiants que le plagiat est interdit dans leurs devoirs, mais que dans la vie de citoyen, cela n’a vraiment aucune importance ?
– Comment les représentants enseignants soutiens du nouveau président, qui traquent le plagiat chez leurs étudiants, ont-ils pu voter pour ce candidat ? Faut-il en déduire qu’une consigne d’ « en haut » suffit à éteindre en eux le jugement critique qui est au cœur même des métiers d’enseignant et de chercheur ?
– Quel cas l’institution universitaire fait-elle de la fonction même de « vice-président étudiant » ? de la notion de « profession de foi » ? On pourrait donc y écrire n’importe quoi : les mots seraient interchangeables et un texte n’engagerait en rien son auteur… belle leçon de politique politicienne. Et où est le respect des étudiants eux-mêmes si notre institution passe aussi facilement sur un acte que la loi définit comme un « délit » (article L. 335-3 du Code de la propriété intellectuelle) ?
– Y a-t-il une autre réponse possible à toutes ces questions que la démission du nouvel élu, un nouvel appel à candidature et de nouvelles élections fondées sur des bases saines ?
Il y a à peine trois mois nous avons fait campagne, entre autres, autour de la notion d’éthique, mais nous ne pensions pas que le sujet serait aussi vite et aussi publiquement au premier plan dans les nouveaux conseils de l’Upec.
L’éthique, faut-il le rappeler, ne se juge pas aux belles paroles mais aux actes.