Que sont devenus les postes de l’ESPE ?

Les mauvais comptes de la liste Ensemble du Doyen de Médecine

 

La question des postes à l’ESPE est cruciale dans la perspective des élections des conseils centraux de l’UPEC, qui détermineront la nouvelle Présidence de l’université et les politiques à venir. Notre liste Pour l’Université Publique, Éthique et CollégialePour l’UPEC a diffusé à cet égard des données relatives à l’évolution du nombre de postes par composante pendant la période 2010-2016. Ces données globales (enseignants et Biatss, fonctionnaires et contractuels), issues du bilan social annuel de l’UPEC, sont accessibles à tous sur l’intranet et montrent une diminution des effectifs de l’ESPE (de 457 en 2010 à 383 en 2016, soit ­–74 postes) et simultanément une augmentation de 35 postes pour les services centraux (de 403 à 438), de 29 postes en médecine (de 388 à 417) et de 15 postes en Économie-Gestion (de 140 à 155).

La liste Ensemble pour l’UPEC, conduite par le doyen de Médecine a émis deux critiques principales :

  • la présentation des données globales ne permet pas d’identifier les postes de fonctionnaires ;

  • pour la médecine la plupart des postes d’enseignants-chercheurs auraient été obtenus « d’ailleurs que de l’UPEC : directement par les ministères de l’Enseignement supérieur ou de la Santé, de la COMUE (contrat de site) et d’autres universités à l’occasion de mutations ».

Elle en conclut que « la médecine n’a pas siphonné les postes de fonctionnaires de l’IUFM ou de l’UPEC ». Cette assertion est inexacte : les colistiers du doyen de Médecine ne semblent pas connaître les mécanismes de captation de postes par cette composante, qui pèsent bien sur les emplois de l’UPEC. Ceci est préoccupant.

À la première critique, nous répondons que, si la question du nombre de fonctionnaires à l’intérieur de ces données globales est importante, ce sont bien les effectifs globaux qui pèsent sur la masse salariale, qui est contrainte. Les emplois LRU (CDI) sont même parfois mieux rémunérés que les emplois de fonctionnaires… La liste Pour l’UPEC désapprouve fondamentalement cette logique libérale, et ces emplois seront un enjeu de la prochaine mandature1… Notons aussi pour les Biatss les CDD de 5 ans souvent transformés en CDI.

Quant à la seconde critique, elle est infondée : les postes d’enseignants-chercheurs obtenus des ministères et de la ComUE par la composante Médecine sont bien des postes UPEC ! En effet :

  • ceux provenant de la ComUE sont attribués à l’UPEC sans fléchage vers les composantes. L’UPEC les ventile ensuite entre composantes : ils font bien partie des ressources globales à répartir lors des campagnes d’emploi ;

  • lorsque la Faculté de médecine obtient des postes de praticiens hospitaliers du ministère de la Santé, l’UPEC a l’obligation de fournir un support universitaire, (prélevé sur ses effectifs) : les enseignants-chercheurs hospitaliers ont en effet un double adossement, universitaire et hospitalier (MCU-MCH, PU-PH) – et un double salaire, dont la part universitaire incombe à l’UPEC. L’UPEC a ainsi dû rendre au ministère plusieurs postes de PR en « échange » de ces postes de PU-PH : obtenus par la composante dans une négociation directe avec le ministère de la Santé dont l’université est exclue, ils contribuent bien à « siphonner » l’UPEC, et donc l’ESPE comme toutes les autres composantes. En supplément, l’UFR de Médecine a obtenu d’autres postes contractuels (chefs de cliniques notamment) qui pèsent sur la masse salariale.

Finalement, outre les services centraux, ce sont les facultés de Médecine et d’Économie-Gestion qui ont gagné le plus de postes pendant que l’ESPE en perdait. La Médecine apparaît comme un pôle à part menant sa stratégie sans concertation avec l’université, ce qui crée un rapport de force inéquitable entre les composantes.

Conséquences pour l’élection

Il faut donc se demander si le pilotage de l’université doit être donné au doyen de Médecine, par temps de LRU qui offre au Président d’université et à son Conseil d’administration un pouvoir fort ; Conseil d’administration dans lequel les jeux d’influence et les réseaux pèsent parfois plus lourd que les programmes, qui chez le doyen de Médecine ont plusieurs fois changé. Il faut ainsi lire le message adressé encore récemment à sa composante (Fac news octobre 2017) :

« Le message constant de l’UFR est donc pour l’Université. L’UPEC se doit d’afficher clairement une priorité pour la santé et mettre les moyens pour que nous restions dans la course internationale. Nous nous appuierons sur des forces globales de l’UPEC (biologie-médecine, économie, SHS, sciences…) mais réunies de façon cohérente autour d’un Pôle santé consistant, un Pôle Universitaire avec une gouvernance, une stratégie, des axes prioritaires et des moyens conséquents. »

Après la structuration d’un pôle Ville dans l’Est francilien, la question du pôle Santé sera un enjeu central dans les années à venir, ce qui donne tout son sens à ce message. Le risque d’un nouveau siphonnage est grand, notamment pour l’ESPE qui risque d’être fragilisée par la réforme de la formation des enseignants.

Outre les contrats LRU, la ré-accréditation par l’INSERM des équipes de l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale à partir de 2020 a déjà conduit à demander à l’université des postes de chercheurs à temps plein dans chaque équipe dépourvue d’universitaire. Le programme de la liste Ensemble évoque la nécessité d’un fond d’amorçage… qu’il faudra bien compléter année après année ensuite ! Du point de vue budgétaire, l’entretien et le fonctionnement du nouveau bâtiment de recherche biomédicale constitué de plateaux techniques coûteux ne fait l’objet d’aucun modèle économique. Dans ces conditions, la direction de l’université ne peut raisonnablement pas être confiée au doyen de Médecine.

La Liste Pour l’Université Publique, Éthique et Collégiale – Pour l’UPEC, parce qu’elle défend une vision de service public et une éthique de collégialité et de transparence, peut seule offrir une vraie garantie de défense des composantes face aux rapports de force, en se fondant sur l’objectivité des besoins et des spécificités de chacune.

NOS ENGAGEMENTS POUR L ’eSPe

Nous voulons redonner à l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) les moyens de respecter l’intégralité de ses missions, en particulier de formation professionnelle. Cela passe par des demandes de postes en adéquation avec ces missions. Celles-ci doivent prendre en compte l’augmentation du nombre de stagiaires des dernières années, notamment ceux sans formation antérieure, et s’attacher à conserver la spécificité du rôle du formateur.


1 le doyen de Médecine demandait dans la campagne d’emploi 2018 à l’UPEC ce type d’emplois pour recruter des chercheurs à temps plein en CDD de 5 ans…