ComUE

COMUE : Carcan Obligatoire du Millefeuille d’Universités et d’Établissements ?

Le Hcéres évalue également la ComUE Université Paris-Est. Ses instances dirigeantes, et en particulier son président Philippe Tchamitchian, s’affairent donc à la rédaction du rapport d’autoévaluation et, surtout, à l’élaboration d’une « stratégie » pour le plan quinquennal suivant, 2020-2024. L’Upec, malgré la situation délicate dans laquelle elle se trouve (administration non élue, processus électoral en cours), est sommée de « donner sa position » sans attendre

À ce titre, de nombreuses réunions se tiennent dans des conseils où siègent plusieurs de nos candidats, et dernièrement

  • le conseil académique (CAc) de la ComUE s’est réuni le 12 juin ; y siègent Geneviève Allain, Laurent Coudroy de Lille et Saïd Amokrane, tous trois candidats Pour l’UPEC à la CR, et Nicolas Divert, soutien des listes ;
  • le conseil consultatif provisoire (CCP) de l’Upec, lieu de débat destiné à « éclairer » les décisions de son Administratrice provisoire, s’est réuni les 14 et 22 juin ; y siègent Gérard Teboul, Vérène Chevalier et Philippe Germain, candidats Pour l’UPEC au CA, et Geneviève Allain, candidate à la CR.

Les 12 et 14 juin, deux documents clés ont été présentés par Ph. Tchamitchian :

  1. les « Axes stratégiques pour 2020-2024 à Paris-Est, version du 4 juin » ;
  2. les « perspectives pour la politique de site : doctorat ».

L’examen attentif de ces documents a révélé de nombreux points d’inquiétude soulevés avec force lors de la réunion du CCP. Ils relèvent de trois catégories :

À l’issue des débats du 14 juin, V. Chevalier formule la demande expresse que soit transmis au CCP, avant sa réunion du 22 juin, la version mise à jour du document 1, qui sera soumise au CA de la ComUE le 3 juillet prochain. Cette version (datée du 18 juin) s’avère très peu différente de la précédente.

Le doctorat

Depuis 3 ans, ceux d’entre nous qui siègent dans des conseils de l’Upec contestaient « l’accaparement » par la ComUE d’une mission fondamentale de l’Université : la délivrance du doctorat. Nous avons toujours combattu ce transfert de compétence. Avec la création de l’université-cible, l’inscription des doctorants et leur diplômation doivent revenir dans le giron exclusif des deux universités (Upec et Gustave Eiffel).

Le document 1 annonce « un nouveau dispositif dans lequel la Comue a pour mission d’animer et mettre en œuvre la formation doctorale commune (…) A ce titre, la Comue sera également coaccréditée, tout en étant explicitement non diplômante. Ainsi, les processus de scolarité seront-ils pris en charge par les établissements diplômants : inscription et perception des droits, décision d’autorisation de soutenance et de nomination des jurys, délivrance des diplômes. » (c’est nous qui soulignons)

C’est pourquoi la délivrance du doctorat doit à compter de 2020 relever exclusivement de l’Upec (pour les doctorants inscrits à l’Upec).

Mais le document 2 indique à l’inverse : « [Pour l’autorisation de soutenance et la composition du jury,] le maintien d’un avis supplémentaire de la Comue reste possible ». L’immixtion de la ComUE, en fait du Directeur des études doctorales, voire du Président, est on ne peut plus incongrue.

Le 14 juin, Jean-Luc Dubois-Randé se contente de demander « de clarifier la notion de co-accréditation »… Il en faut plus pour mettre Ph. Tchamitchian dans l’embarras !
Vérène Chevalier relève alors explicitement la contradiction : « [le document fourni] pose la question du maintien ou non d’un avis de la COMUE relatif à l’autorisation de soutenance et à la composition du jury. Comment cet avis s’inscrit-il dans la convention (…), dans la mesure où la co-accréditation concerne l’autre versant (formation transversale) qui n’a pas grand-chose à voir (…) ? » et pose clairement le problème : « En ajoutant une couche bureaucratique, cela rallonge les délais, ce qui risque de porter préjudice aux doctorants. »
Pour toute réponse, Ph. Tchamitchian stigmatise les directeurs et directrices de thèse : « il y a des machins qui passent à travers les mailles, et des collègues qui essayent… qui n’hésitent pas à vous envoyer des compositions de jury… », justifiant par là même sa ferme intention de garder une mainmise sur la délivrance du diplôme.

La version révisée au 18 juin, si elle restreint les prérogatives de la ComUE en matière de formation doctorale, ne dissipe aucunement nos craintes en matière de diplômation.

L’HDR

Cette mainmise est d’autant plus inquiétante qu’en matière d’HDR nous avons eu connaissance de plusieurs collègues entravés dans leur processus d’habilitation. Ces problèmes sont soulevés lors du CAc du 12 juin (conseil auquel son président Matthias Beekman a soumis un relevé de conclusions rédigé avant même la séance !). Mais en CCP le 14 juin, Ph. Tchamitchian déclare que « tout le monde est satisfait que les HDR soient gérées par la COMUE. Le maintien d’une politique commune par UPE est décidé. »

On ne peut alors que se demander comment cette satisfaction a été recueillie et comment cette décision a été prise, en contradiction avec les avis exprimés en CAc l’avant-veille !

L’École d’Urbanisme de Paris

Le document 1 établit que « [le] pôle « Ville, environnement et leurs ingénieries » (…) est assimilé à l’I-Site ». Cette assertion, maintenue à l’identique dans la version révisée, pose un problème majeur pour l’École d’Urbanisme de Paris, composante de l’Upec en cotutelle avec l’Upem. En effet, en 2020 l’Upem doit se dissoudre dans l’université-cible créée par l’I-Site. Affirmer que la thématique de la Ville, dont relève l’ÉUP, s’identifie à l’I-Site, c’est décréter unilatéralement que l’ÉUP devrait en 2020 se détacher de l’UPEC pour intégrer l’université-cible !

Lors du CCP du 14 juin, V. Chevalier soulève la question :
« Vous avez indiqué que (…) le pôle ville relèverait désormais exclusivement de G. Eiffel. Se pose la question de l’EUP et de la place de nos collègues urbanistes, leur possibilité d’être partie prenante des projets (lesquels, où) dans ces conditions. »
Ph. Tchamitchian rétorque : « l’EUP devra discuter avec G. Eiffel, l’IAE aussi et tous les labos mixtes… je vous conseille de prendre plusieurs rendez-vous. » Doit-on comprendre que l’EUP devrait aller mendier une autorisation de continuer à travailler pour ses chercheurs affectés à l’Upec ?

L’interface Ville/Santé

Après avoir assimilé la thématique de la Ville à l’I-site (voir plus haut) et attribué celle de la Santé à l’Upec, le document 1 propose qu’à l’avenir la ComUE se consacre à l’animation de recherches à l’interface Ville/Santé. Deux interrogations surviennent à ce sujet lors du CCP du 14 juin :

  • Ph. Tchamitchian indique que dans le domaine de la Ville, « une étude [bibliométrique] montre l’émergence de thématique comme transports, matériaux, environnement… Rien ne sort à l’interface Ville/Santé ». (Et ce, malgré l’importance des axes Ville et Santé-Société.)
    V. Chevalier l’interroge alors : « comment interprétez-vous le fait qu’il ne se passe pas grand-chose à l’interface Ville/Santé ? »
    Ph. T. répond qu’il y voit un « déficit de contenu proprement scientifique dans l’activité portée au niveau de la ComUE. La ComUE joue un rôle d’intermédiaire de gestion, mais scientifiquement il ne se passe rien. »
    N’est-on alors pas fondé à se demander s’il faut mettre en place une importante structure dédiée à quelque chose qui n’existe pas ?
  • À ce sujet, Mustapha Zidi (candidat des listes de Jean-Luc Dubois-Randé) avance : « ce qui fait plaisir c’est que maintenant la démarche est inversée [Avant] on était sur les institutions et éventuellement on parlait des projets […]  », alors que précisément on vient de parler de créer une structure sur un sujet scientifiquement inexistant !
  • V. Chevalier attire également l’attention sur le coût de tout ceci : « matériellement quelle forme est envisagée ? Dans un contexte où les moyens ne coulent pas à flot, quelle va être la ponction sur les établissements en matière d’ETPT ou de numéraire pour nourrir ce dispositif d’incitation ? »
    Réponse de Ph. T. : « Contribution demandée : je ne sais pas »
    Sans commentaire !

Le conseil des membres

Aussi appelé Comité exécutif (Comex), ce conseil réunit le Président de la ComUE et un représentant nommé par chaque établissement membre de la ComUE, à l’exclusion des établissements associés. Chaque membre possède une voix, quelle que soit la taille de l’établissement représenté. Cela induit une forte distorsion de l’équilibre des pouvoirs, la voix de l’Upec ayant le même poids que celle d’établissements beaucoup plus petits ; distorsion ayant permis l’éviction de l’Upec de l’I-site en 2016 bien qu’elle en fût le partenaire le plus important en taille.

Lorsque les partenaires de l’I-site auront fusionné en une université-cible, la voix de l’Upec regagnera un peu de poids dans ce conseil, qui ne comptera alors plus que 5 membres. Il importe de préserver ce poids. Or, le document 1 prévoit, au chapitre Forme institutionnelle, que « La Comue continuera d’offrir deux niveaux d’implication aux établissements qu’elle rassemblera, de membre et d’associé. Il appartiendra à chaque établissement du site de se déterminer. »

Vérène Chevalier pose le problème : « le projet où certains établissements actuellement associés pourraient devenir membres (…) pose la question grave de la dilution des établissements structurants d’UPE – en particulier UPEC et Gustave Eiffeldans la gouvernance d’UPE »

Ph. Tchamitchian répond alors que l’élévation d’établissements associés au statut de membre est une « décision relative au conseil des membres ». V. Chevalier relève que cette affirmation est en contradiction avec le point 4 du document ! Et sur ce point, la version révisée n’a pas changé une seule virgule du document.

Malgré tous ces échanges, au CCP du 22 juin nos représentants s’entendent dire que le 14 juin « il y a eu un consensus, les observations faites ont été prises en compte » !

V. Chevalier et Ph. Germain relèvent alors clairement que la question du risque de dilution de la voix de l’Upec au sein du conseil des membres demeure. L’Administratrice provisoire, bien qu’elle refuse la mise au vote d’un avis du CCP sur le document 1, déclare que « ce qui faisait disensus a été entendu » : rendez-vous au CA de la ComUE, où elle siège !